La saison froide est définitivement arrivée, avec ses journées considérablement plus courtes et des températures parfois proches du zéro. Certains remisent la moto pendant cette période, mais nombreux sont ceux qui continuent à rouler, par plaisir ou par nécessité.
Voici quelques conseils qui je l’espère seront utiles aux nouveaux conducteurs abordant leur toute première saison froide au guidon, ou qui feront office d’une bonne piqûre de rappel aux autres !
L’exposition aux éléments
A cause du refroidissement éolien, la température ressentie en roulant descend proportionnellement à la vitesse. Lorsque le corps est exposé à des températures excessivement basses pendant un certain temps, il existe des risques non négligeables qu’il faudra prendre en compte.
Aux températures usuelles, le risque le plus important est l’engourdissement.
Pour lutter contre ces effets, le port d’une tenue adaptée au froid est indispensable. Il sera important de choisir des équipements dont l’épaisseur ne sera pas non plus excessive pour éviter de trop restreindre les mouvements. Heureusement les équipementiers ont fait de grands progrès dans les matériaux utilisés pour les équipements moto, permettant de conserver une épaisseur « raisonnable » tout en proposant de très bonnes performances thermiques. N’hésitez pas à investir quelques dizaines d’euros en plus pour bénéficier de ces technologies au moment de l’achat (Gore Tex, Hipora, Thinsulate…), et ainsi profiter de ces membranes étanches et respirantes permettant de réduire l’épaisseur des matériaux isolants.
Isolez convenablement les endroits où pourrait se faufiler l’air froid : Le cou, la taille, les poignets et les chevilles.
Les sous vêtements techniques sont également une excellente solution : peu épais, ils ne contraignent pas les mouvements, isolent du froid en hiver et du chaud en été, et certains peuvent même protéger des brûlures dues à l’abrasion en cas de chute grâce aux technologie initialement développées pour la piste. (un exemple chez la marque « Skeed », présenté par le site L’Equipement.fr)
Pour les gants, le mieux est parfois l’ennemi du bien, et à vouloir trop les isoler, l’usage des commandes de la moto peut devenir compliqué. Evitez les gants trop épais côté paume, qui pourraient réduire le « toucher » des commandes et fatiguer exagérément la main en demandant trop d’efforts pour replier les doigts. Si vous prévoyez de longs trajets réguliers, notamment sur voies rapides, les poignées chauffantes (environ 150€) deviendront vite indispensables. Les gants chauffants pourront également être une alternative viable, et ceux-ci chauffants généralement le dessus de la main, ils pourront même être utilisés de concert avec des poignées chauffantes.
L’exposition au froid entraîne également une fatigue plus importante, le corps devant générer davantage de calories pour maintenir sa température.
N’hésitez pas à multiplier les pauses, et à en profiter pour vous réchauffer (en évitant les transitions froid/chaud trop brutales). Pensez à réchauffer en priorité les mains et les pieds, les extrémités sont les plus exposées au froid en raison de la constriction des vaisseaux sanguins qui intervient en premier dans les membres. De même, le froid peut engendrer une déshydratation, n’oubliez pas de boire beaucoup, de préférence des boissons chaudes. Évitez toute boisson alcoolisée, l’alcool exerce un effet vasodilatateur, et donc un refroidissement plus rapide du corps (malgré la sensation trompeuse).
Côté alimentation, choisissez de manger des plats qui vous apporterons de l’énergie (protéines et sucres lents), et évitez les plats trop « lourds » qui engendrent une fatigue excessive pendant la digestion. Exit donc la raclette avant de prendre la route, elle attendra le soir !
Préparer sa monture
Même si pneus « modernes » ont fait d’énormes progrès de ce coté cette dernière décennie, restez prudent au moment de prendre la route. Les pneus mettront beaucoup plus de temps qu’à l’accoutumée pour se mettre en température.
De plus, la majorité des pneus est conçue pour fonctionner de façon optimale par une température supérieure à 7°. Contrairement à l’automobile où il existe des pneus « hiver », prévus pour une amplitude thermique allant de -20° à 7°, les manufacturiers proposent au mieux des pneus moto « toutes saisons » (comme certains Metzeler ou Michelin) dont on ne peut toutefois espérer les même performances qu’au printemps par des températures proches du zéro. (A quelques exceptions près, il existe en effet des pneus « hiver » à destination des trails comme le Heidenau K60, ou pour les maxi-scooter comme le Feelfree Wintec)
Avec une machine équipée de sa monte habituelle, il conviendra donc d’être très prudent : en réalisant une mise sur l’angle progressive, et en évitant les accélérations et freinages brutaux et en répartissant au mieux possible le freinage entre le frein avant et le frein arrière.
Si votre machine est équipée de pneus à vocation radicalement sportive (Pneus piste homologués route par exemple, du type Pirelli SuperCorsa, Michelin PowerSport, Dunlop D211/212…) il sera nécessaire d’être encore plus prudent, les gommes constituant ces pneus étant conçues pour atteindre leurs caractéristiques optimales à partir de 70°, une température difficilement atteignable lorsque la route est sous les 10°.
Si vous prévoyez plus qu’une sortie ponctuelle, il pourrait être raisonnable d’envisager de passer sur une monte plus routière en attendant les beaux jours.
Pensez à vérifier votre éclairage. Avec la nuit qui tombe avant 17h dès le mois de décembre, il y a fort à parier que vous deviez vous retrouver à rouler dans le noir. Pour bien voir et être bien vu, assurez-vous que votre éclairage fonctionne correctement et que les optiques de phares soient propres avant de prendre la route.
Inutile de rouler exagérément en feux de route, au risque d’éblouir les autres usagers (repassez en feux de croisement en croisant un autre véhicule ou au moment de vous faire dépasser).
Côté mécanique, pensez à vérifier votre niveau de liquide de refroidissement, celui-ci va en effet subir plus de contraintes en raison de l’amplitude thermique auquel il sera soumis. Ne faites jamais l’appoint avec de l’eau, qui pourrait endommager le moteur à cause de son expansion en gelant. Mélanger de l’eau à un liquide de refroidissement réduit ses propriétés anti-gel.
Mais l’élément le plus sensible aux basses températures est la batterie. Si vous roulez peu pendant l’hiver, investir dans un chargeur disposant d’un programme de maintenance (du genre des chargeurs Optimate de chez TecMate), peut être judicieux.
Vous pouvez également déposer la batterie de la moto afin de la conserver à l’intérieur de la maison si vous pensez ne pas rouler pendant plusieurs semaines. Toutefois il sera préférable d’effectuer un cycle de charge complet aux beaux jours avant de reprendre la route.
Les projections d’eau mélangées au sel répandu sur les routes en hiver sont corrosives et peuvent « piquer » les métaux de la moto (et dans une moindre mesure ternir le vernis de certaines peintures). Dès que possible, vous pourrez rincer à grande eau votre monture pour éviter ce problème.
Sur la route
Avec la nuit qui tombe beaucoup plus vite, vous serez amenés à rouler beaucoup plus souvent dans des conditions de visibilité réduite. Gardez à l’esprit qu’il en va de même pour les autres conducteurs. Avec la fatigue et éventuellement un rhume (c’est de saison !) le corps met plus longtemps à réagir en cas d’imprévu, raison de plus pour augmenter les distances de sécurité.
Prêtez attention aux piétons, qui peuvent faire preuve de plus d’inattention que d’accoutumée, engoncés dans une épaisse écharpe, la tête sous une capuche ou un parapluie.
De même, en raison du faible nombre d’heures d’ensoleillement et des faibles températures, de l’humidité peut rester sur la route toute la journée, surtout en zone ombragée. Méfiez-vous des sous-bois (en plus de l’éventuelle présence de feuilles sur la route), des ponts, tunnels ou autres endroits particulièrement exposés à l’humidité. Prudence à ces mêmes endroits dès que la température passent sous les 3°, des plaques de verglas peuvent se former et persister même lorsque les températures remontent en pleine journée.
A la campagne, attention aux routes boueuses et n’hésitez pas à ralentir exagérément le rythme à la vue des traces laissées par un tracteur, la boue n’ayant pas la possibilité de sécher.
Si vous vous retrouvez soudainement en situation d’adhérence précaire (passage sur une plaque de verglas ou neige compactée), regardez loin devant vous, conservez un filet de gaz (couper brutalement les gaz pourrait faire décrocher la roue arrière) et tentez d’atteindre un endroit plus sûr pour pouvoir freiner tout en douceur (idéalement du frein arrière). Comme sur les gravillons, n’hésitez pas à sortir les deux jambes pour tenter de vous stabiliser, il vaut mieux avoir l’air ridicule que finir par terre.
Soyez également prudent avec le sel déposé par les véhicules de salage : Une trop grande quantité de sel mélangée à de la neige fondue et aux saletés de la route peut également engendrer des pertes d’adhérence.
La neige vous a surpris sur le trajet ? Pas de panique, rouler sous une légère chute de neige n’est pas plus dangereux que sous une averse tant que celle-ci ne tient pas sur la route et ne commence pas à se compacter sous le passage des véhicules.
Si la situation s’aggrave, n’hésitez pas à vous arrêter dès que possible, et éventuellement demander de l’aide à un habitant du coin, voir s’il est possible de déposer votre machine dans son jardin ou son garage, afin de venir la chercher plus tard.
Visibilité
Une fois passé sous les 10° et en raison de l’humidité, il y a de grandes chances que de la buée se forme sur l’intérieur de l’écran de votre casque. Pensez à vous équiper d’un PinLock (fourni de série avec de très nombreux casques), ou à défaut d’ouvrir la ventilation de la mentonnière dont le conduit d’air est généralement positionné de façon à souffler sur l’intérieur de l’écran, et donc de limiter la formation de buée.
Évitez les écrans fumés ou iridium, qui obscurciront exagérément la visibilité dès la nuit tombée.
En cas de légère chute de neige, celle-ci vient inexorablement se coller sur l’écran du casque et réduit dangereusement la visibilité, ce qui oblige à lâcher le guidon pour venir fréquemment dégager les flocons. Compliqué quand l’adhérence se réduit. Une nouvelle fois, restez humble et n’hésitez pas à faire une halte en attendant que la situation s’améliore.
Merci Cedric pour ton article, le tableau des températures ressenties à une vitesse donnée est édifiant. Certe il y a des choses que l’on sait, mais que l’on a pas forcément connu en situation, et ton article est là pour que ça reste bien en tête
Je découvre le site et franchement c’est bien ficelé, pas d’anerie ni de vulgarité.
Certaines choses sont des évidences pour de vieux motards, mais on a tous débuté un jour dans toute chose et l’expérience des aînés et faite pour être partagée.
Bonne continuation.
Salut Florent !
Merci beaucoup pour ton passage ici et pour ton message d’encouragement, ça fait plaisir à lire 😉
Salut.
Je roule tous les jours avec ma BMW K1200RS pour aller au boulot (en Deux-Sèvres), je fais entre 17000 et 20000 kms/an rien qu’en parcours professionnels.
Tes conseils sont très utiles, seul condition atmosphérique que je n’ai vue abordée, c’est le brouillard, donc pas vu de système D qui pourrait éventuellement m’aider dans ce cas.
Il est certain que des vêtements adéquats sont indispensables si on roule en hiver, et surtout être vigilant à la chaussée si comme moi on emprunte des routes de campagne.
Bonne route à tous les motards.
Patrice
Salut à toi Patrice et merci de ton passage par ici 🙂
En effet je n’ai pas abordé le brouillard dans cet article, à vrai dire ça ne m’est pas vraiment venu à l’esprit car habitant le Nord, le brouillard se forme plus souvent à la mi-saison, et en préparant cet article c’est surtout le froid et l’humidité qui me venait en tête !
Ça sera l’occasion de faire un nouvel article en 2017, plus orienté sur la pluie et dans lequel je m’efforcerais de parler du brouillard, merci pour la suggestion 😉
Quelques pistes d’ici là pour les débutants :
– En cas de brouillard être très prudent vis-à-vis des distances de sécurité, ne pas hésiter à les augmenter de façon à laisser une marge confortable.
– Réguler sa vitesse en fonction de la visibilité. En sachant également qu’en cas de visibilité inférieure à 50 mètres, la vitesse est limitée à 50km/h sur tout les types de voies, autoroutes comprises.
– La visibilité peut-être diminuée par les gouttelettes de brouillard se déposant sur l’écran du casque en un film très fin. Un lecteur du site vient d’ailleurs de faire une judicieuse remarque à ce sujet dans les commentaires de l’article dédié au test du FreeVisio, ce petit accessoire étant en effet d’une très bonne solution à ce problème.
Merci à nouveau pour ta remarque et bonne route à toi aussi 😉
Bonjour Cédric,
Merci pour tes articles, que j’ai découvert grâce à un entrefilet dans le dernier MotoMag.
Une question m’est venue en lisant ton article sur les conditions hivernales, et notamment le passage sur la mise en température plus longue des pneus : penses-tu utile (pour ceux qui, comme moi, ont la chance de pouvoir faire dormir leur moto dans un garage) de s’équiper de couvertures chauffantes pour avoir des pneus déjà en température avant de commencer à rouler ?
Merci pour ton avis, et bonne route hivernale !
Hello Stéphane, merci pour ton passage par ici, pas mal de gens ont également découvert le site via l’encadré de MotoMag depuis la semaine dernière 🙂
Pour répondre à ta question, je dirais que non, ça ne me semble pas nécessaire.
À la limite, pour quelqu’un qui en a déjà pour aller pister, pourquoi pas (et en chauffant peu, inutile de chauffer autant que pour un roulage en plein été).
Mais en faire l’achat juste dans cet optique ne me semble pas vraiment pertinent. Comme je le disais dans l’article, avec une monte de pneus polyvalent « récents » (disons un modèle de moins de 5 ans), genre Michelin PR3 ou 4, Pirelli Diablo rosso 2 ou 3, etc… Quelques kilomètres en mode « prudence » permettent de bien chauffer le pneu.
Perso j’ai des Diablo Rosso 2 (pourtant pas les meilleurs non plus dans ces conditions), pas de surprise particulière après avoir traversé 2 ou 3 villages (environ 4 à 5 km) en étant prudent et en étant très progressif à la mise sur l’angle.
Merci encore pour ton message, et bonne route à toi 😉
merci ,pour cette piqûre de rappelle;même pour les habitués et vieux motard ;nous sommes tous coupable par moment de quelques comportements que l’on condamne habituellement ;c’est dans la nature humaine..
ce petit moment de lecture permet de rester humble face aux éléments .
prudence a tous .
et bonne route .
Merci pour ton passage par ici Jean-luc
Comme tu le dis, nous sommes ainsi fait… Moi même je suis loin d’avoir une conduite exempte d’erreur… C’est pour ça qu’il est important de savoir laisser la machine au garage quand les conditions deviennent trop rudes.
Bonne route à toi aussi !