Comme chaque année à cette époque, la chaleur de l’été ayant abîmé les routes du réseau secondaire déjà trop négligées le reste de l’année, les collectivités ont bien souvent recours à l’usage massif de gravillons.
Un moyen « à pas cher » de restaurer l’adhérence des routes au bitume usé… faut-il encore que le gravillonnage en question soit correctement réalisé ! Or en pratique, ce n’est que très rarement le cas, en particulier sur les routes de campagne. En effet, les conditions à remplir pour effectuer une réfection de qualité sont multiples : Pour que la prise des gravillons dans le liant (liant hydrocarboné : différents type de bitumes, goudron…) disposé en premier sur la chaussée soit bonne, celui-ci doit être appliqué dans une épaisseur adéquate, ni trop ni trop peu, et en respectant une température permettant au gravillon de venir s’accrocher en profondeur.
Second point encore plus important, la couche de gravillons ne doit pas être complètement disproportionnée. Car dans ce cas, même si la couche inférieure de gravier venait tout de même à fusionner correctement avec la chaussée, le reste de la masse de ces petits cailloux devient alors un véritable « tapis de billes », compromettant fortement l’adhérence des véhicules, et à plus forte raison celle des deux-roues.
Sachez que dans la majorité du temps, en cas de chute, il sera retenu par votre assurance et éventuellement les forces de l’ordre s’ils rédigent un procès verbal (réalisé en cas de dommages corporels), que vous avez fait preuve de « non maîtrise du véhicule », et ce peu importe l’état de la chaussée. Vous vous rappelez de la communication de notre chère sécurité routière concernant les motards ayant un accident seul pendant l’été ? Oui, ce genre d’accident en fait partie, et il y a de quoi pester.
Quelques conseils :
Vous venez donc de poser vos roues sur une chaussée fraîchement gravillonnée. Et comme souvent la couche de gravillons est telle que ça déborde des caniveaux et même sur les trottoirs. Gardez vos injures pour plus tard, il va vous falloir une bonne dose de concentration.
Identifier les difficultés
Commencez bien évidemment par réduire drastiquement votre vitesse. Soyez souples, et évitez de vous crisper en tenant trop fermement votre guidon. Vous allez devoir faire face à un gros manque d’adhérence et perte importante de directivité.
Si les travaux se sont déjà déroulés il y a quelques heures ou plus, cherchez les endroits où les roues des véhicules précédents sont passées. Il y a des chances que les gravillons se soient un peu plus tassés à ces endroits, enfonçant le gravier dans le liant en bitume. C’est toujours bon à prendre.
Prenez l’information le plus loin possible devant vous, mais aussi derrière vous, certains véhicules moins sensibles à la situation pourraient manifester l’envie de vous dépasser.
Progression et freinage
Pendant la progression, il faut éviter au maximum les transferts de masse : Pour ce faire, roulez toujours sur un filet de gaz, le plus constant possible. La moto va bouger un peu, notamment la direction et ce d’autant plus sur les machines ayant un angle de chasse assez fermé (sportives, roadsters sportifs…). Ne cherchez pas à contrer ces petits mouvements parasites. Encore une fois, restez souples.
Évitez au maximum les freinages, regardez loin et anticipez tout besoin de ralentir. Si vous devez tout de même freiner, soyez le plus doux possible sur les commandes de freins.
En cas de blocage de l’arrière, il y a des chances que la moto se mette à dériver brusquement à droite où à gauche. Dans tous les cas, relâchez au plus vite la pression sur les freins afin de retrouver votre -précaire- stabilité.
Courbes et virages
Si la configuration de la route le permet, et bien entendu à condition de ne gêner aucun autre véhicule à ce moment, n’hésitez pas à « couper » la trajectoire, de façon à garder la moto la plus droite possible.
Et une fois encore n’oubliez pas de regarder loin ! Comme vous l’avez appris à l’auto-école, le regard est directeur. Et c’est d’autant plus risqué quand on est tenté de regarder juste devant sa machine l’état de la route.
Si il est impossible de couper le virage, ralentissez encore un peu plus (toujours en conservant un filet de gaz) et n’hésitez pas à sortir les pieds. Certes votre style de « païlote » en prendra un coup, mais c’est toujours mieux que de se retrouver avec la moto à terre !
Le cas des moto à transmission finale par courroie
Suite à la remarque très pertinente d’un de mes lecteurs, à savoir Patrick, il me semble nécessaire d’ajouter quelques informations à l’intention des propriétaires de machines ayant une transmission finale par courroies (Certaines routières, de nombreux customs, les Buells…)
Après avoir traversé un passage gravillonné, il est judicieux de procéder au plus vite à un contrôle de la transmission, car des gravillons pourraient se loger entre la courroie et les poulies. Voir même en se coinçant entre les dents y rester pendant un bon moment, ce qui aurait pour conséquence de venir rapidement détériorer ces éléments.
Un précaution d’autant plus nécessaire sur les machines ayant leur transmission exposée au projection.
L’importance de l’équipement
Inutile de faire un long discours sur le sujet, mais sachez que même si une chute sur ce genre de revêtement à très faible vitesse ne causera que rarement des blessures importantes (sauf en cas de rencontre avec un autre véhicule arrivant en sens inverse par exemple). En revanche, l’abrasion de toute partie exposée comme les mains (automatiquement mises en avant par réflexe lors d’une chute pour protéger le reste du haut du corps), les genoux, coudes, fesses et chevilles, etc… peut créer des blessures extrêmement douloureuses et difficiles à soigner. Les urgentistes en connaissent un rayon à ce sujet, surtout pendant la période estivale.
Un équipement même basique et peu coûteux, constitué d’une paire de gants, jean renforcé, blouson aéré à manches longues muni de protections épaules et coudes, chaussures couvrant la malléole,… Limiteront les dégâts et vous éviteront bien des désagréments tout en restant relativement au frais. A garder à l’esprit pour ceux qui roulent « léger » en été.