Pour faire écho au dossier de Juin dernier portant sur la pratique de la piste, j’ai le plaisir de laisser aujourd’hui la rédaction de cet article à Florian, qui nous narre ici sa toute première expérience sur piste. Des hauts et des bas, mais surtout une expérience riche en enseignements pour ceux qui souhaiteraient se lancer à leur tour !
Dans un article précédent nous avons vu que de nombreux motards n’avaient encore jamais fait de piste malgré leur expérience mais voulaient tout de même se prêter au jeu pour améliorer leur conduite, la connaissance de leur moto et éventuellement calmer leur poignet droit de retour sur route. Je faisais partie de ces statistiques et puis j’ai franchi le pas, je fais partie du “oui, mais occasionnellement” !
Pourquoi, où, quand, comment ?
J’ai voulu expérimenter la piste pour avoir une idée de ce qu’on pouvait ressentir sur l’angle, avec le déhanché qui va bien, pleine balle. Note : la première fois, on n’est pas pleine balle et on déhanche pas non plus comme un pro… Mais je m’en doutais.
À force de voir les vidéos, la MotoGP, les CRs des Poireaux (LMHDC : ceux-là http://pistards.poirsouille.org/ , pas les légumes :p ), de discuter avec tout le monde, j’ai fini par motiver un petit groupe d’une dizaine de motards (hors supporters) et on s’est organisé. Nous sommes allés sur le bitume tout neuf du Pôle Mécanique d’Alès, en sens inverse (la flèche bleue sur l’image ci-dessus), le 13 juillet dernier. Une journée de roulage organisée par MGB moto pour 80€.
Venant de Montpellier, sans voiture ni remorque, j’y suis allé en moto, tout équipé piste, avec du change et pic-nic dans un sac. En débutant c’est pas comme si j’allais fumer un train de pneu sur 6 à 7 fois 20 minutes, même si le revêtement est plus abrasif que celui présent la route. Il faut juste bien penser à adapter la pression des pneus en arrivant au circuit en en repartant le soir.
L’équipement moto et motard
Pour le cuir, je m’étais déjà équipé l’été dernier d’un blouson IXON Exocet. En début d’année j’ai complété avec le pantalon IXON Addict Pant, une dorsale rigide Tryonic FEEL 3.7 (j’ai un gilet dorsal souple comme le D3O pour le quotidien, que je trouve plus confortable) et un casque, le HJC FG-17, avec boucle double D qui n’est en fait obligatoire qu’en compétition. Vous pouvez donc aller sur une journée de roulage normal avec votre micro-métrique sans problème du moment que celle-ci est métallique. J’ai même vu un gars avec un casque modulable !
À propos de l’équipement, vous pouvez voir avec l’organisation s’ils peuvent le prêter, moyennant une caution. Si vous en faites occasionnellement ou pour la première fois et que vous n’êtes pas sûr d’y retourner ou que vous y retournerez dans un certain temps, je vous conseille cette solution, moins onéreuse. C’est ce que j’aurais dû faire.
Pour la moto, rien de particulier à faire. J’ai voulu protéger les carénages et un maximum de choses sensibles : carter, réservoir, fourche, bras oscillant. J’ai une ER6 de 2007, je n’ai trouvé aucun pare carter en fixation sur plusieurs points (ce qu’on m’a recommandé, les mono points ayant plus de chances de tordre le cadre en cas d’accrochage). Pour ma fourche et mon bras oscillant, les axes de roues ne sont pas creux donc impossible de faire traverser un quelconque axe pour y fixer des tampons. Au final, je n’ai pu protéger que mon carter avec des protections carbone/kevelar à coller par dessus.
Pour les leviers d’embrayage et frein ainsi que les embouts de guidon, c’est pas grave j’aimerais changer les premiers et les derniers sont plutôt abîmés, si ils décèdent sur une glisse, ce n’est pas trop grave. Les rétroviseurs on les enlève quand on roule et le reste c’est du plastique (hors de prix en origine d’ailleurs). Donc au moins, en cas de glisse, ça limitera les dégâts sur le carter et pour le reste on croisera les doigts.
Au moins, si elle meurt, elle mourra belle !
Prêt, feu, roulez !
Pendant que le groupe des pilotes va s’amuser, on va écouter le briefing pour les débutants. On nous explique les règles de sécurités élémentaires et les drapeaux : jaune, rouge et damier pour “danger sur la piste, ralenti, soit attentif, dépasse pas”, “sort dès que tu croises l’entrée de la pitlane” et “fin de session, sort quand tu croises l’entrée de la pitlane, oublie pas que ça serait dommage d’appeler l’hélico maintenant”.
Pendant ce temps là, le groupe des pilotes passe entre 160 et 180 à côté (enfin, pas loin, il y a la voie des stands au milieu quand même…) où nous écoutons ce qu’on nous raconte, un peu stressé parce que c’est la première fois et le bruit impressionnant des machines monstrueuses n’aide pas forcément à se détendre (ni à entendre d’ailleurs).
Ensuite, retour au box pour finir de s’habiller, on a le temps de voir le groupe moyen un petit peu et puis c’est à nous de connaître notre horaire de passage et de surveiller pour aller à la sortie des stands pour se préparer à entrer en piste.
On se place derrière un ouvreur (Laurent, à croire que c’est un prénom spécial motard vu le nombre de « Laurent » que je connais qui font de la moto…), avec notre gilet jaune ceux pour qui c’est la première fois (et il y en a un bon paquet), je suis en quatrième position pour pouvoir profiter au mieux des bonnes trajectoires. Les premiers tour se passent, on capte les trajectoires, niveau déhanché et position autant te dire que par rapport à la conduite sur route, y’a encore rien qui change même si notre ouvreur nous montre ce qu’il faut faire. On applique plus ou moins bien (plutôt moins que plus en fait) parce qu’on n’en parle pas à l’oral, qu’on ne nous montre pas en statique et que même s’il montre relativement bien en piste, c’est pas facile à appliquer. Surtout quand tu as quelqu’un d’un peu trop lent juste devant toi et que tu te concentres à ne pas lui rentrer dedans au moment de prendre le virage…
Ensuite j’essaye de pousser ceux qui sont devant pour pousser un peu plus notre ouvreur mais rien n’y fait donc je dépasse petit à petit pour tenter de pousser moi même mais non plus, un signe de la main pour dire que je peux passer (mais pas sûr que ça voulait dire ça, c’est compliqué à 130 de se comprendre avec des signes) et je me retrouve à tenter des trucs, tester… (sauf la chute) Il y a les cônes pour aider au repaire de freinage et le point de corde idéal. Pour celui de freinage, on peu freiner bien après, pour celui de corde, on peut prendre beaucoup plus proche (que ce que je fais) et ça sera valable pour toutes les sessions à quelques virages près.
Cette première session sera amputée de quelques minutes sous drapeau rouge parce que quelqu’un a voulu faire du jardinage… Ce qui n’est pas compatible avec le roulage…
La session suivante, je serais le seul à devoir sortir parce que ma moto fait trop de bruit. Il me semblait aussi que c’était pas le bruit habituel et qu’arrivé à 7000tr/min ça voulait plus avancer… (il y a 11000 ou 12000tr possibles sur une ER6) mais j’ai voulu profiter à fond, c’était trop bon et j’ai pas voulu aller voir ce que c’était… Ce n’était au final “pas grand chose”. Les collecteurs qui ressortent de chaque cylindres se rejoignent en une sortie et s’emboîte dans échappement, c’est à environ 5mm de cette connexion que le tuyaux s’est cassé net. J’ai pu batailler un peu avec le collier chaud, rouillé et limiter les fuites d’air avec un ruban aluminium. J’ai fait au mieux dans un premier temps pour ne pas louper la session suivante (dernière de la matinée, j’ai fini de m’habiller pile pour le début) et j’ai refait un truc plus propre entre midi et deux.
Toutes les sessions suivantes se passeront sans problème ni drapeau rouge pour aucun des groupes. En dehors de l’avant dernière lors de laquelle un copain, juste devant moi, a décidé de tester la chute sur virage lent avec le frein avant. Je me demande encore comment j’ai fait pour ne pas lui rouler dessus mais c’est passé, on a pu finir la session quelques tours plus tard avec le drapeau à damier (sorti plus tôt pour éviter le drapeau rouge, mais pas sûr).
J’avoue que la chute du copain m’a un peu fait peur. La fatigue se faisant ressentir et les courbatures commençant à arriver dans les jambes j’ai choisi de ne pas faire la dernière session. Et puis ça me donne le temps de ranger mes affaires, retirer les scotch des feux, remettre les rétros…
Et ensuite ?
Si on reprend les statistiques de l’article précédent et mon expérience de 4 ans sur la route et de une journée sur la piste, je dirais que rien n’a changé. Sauf peut être sur la conduite plus “zen” que je cocherais maintenant mais pas totalement sûr étant donné que j’avais un rythme élevé dans les virages avant et plus calme (dans les limitations quoi) dans les lignes droites ou parties intéressantes du point de vue du nombre de virages et qualité de l’asphalte.
Je ne pourrais pas dire si cette journée a réellement amélioré ma conduite sur route ou changé mon attitude mais je ne pense pas que ce soit le cas pour ma part. Après le permis j’ai trouvé les bonnes personnes qui m’ont donné de bons conseils et j’ai pu avoir un bon complément de formation qui fait que je roule en sécurité. Si tu as déjà vu les trajectoires des motards de la gendarmerie, sache que j’ai les mêmes. (je ne suis pas gendarme) Les deux jours que j’ai passé avec l’AFDM m’ont apporté bien plus de maîtrise de ma moto que cette journée de piste.
D’un autre côté, il ne s’agissait que d’une simple journée de roulage sans vocation à former des pilotes amateur et à vraiment connaître la piste, c’est pour cela que que dans mon cas cette découverte ne m’a pas apporté grand chose de transposable sur la route de mon point de vue.
En m’inscrivant à cette journée, je pensais que nous allions être plus encadrés et conseillés sur notre pilotage. Puis en discutant un peu plus avec les pistards de twitter surtout, je me suis rendu compte que c’était plutôt sur les stages que les journées où nous pouvions apprendre des choses, en tout cas en débutant. À moins de monopoliser la personne en charge du groupe débutant, s’il y en a un de prévu par les organisateurs, je ne sais pas si c’est le cas à chaque fois.
Je retournerais très certainement sur la piste à l’occasion ! Spoiler : c’est même sûr. Je vais cependant privilégier les voyages dans un premier temps tout de même. Les dolomites cet été tu ne le fais pas tous les jours et c’est ce que je veux faire pour l’instant. La piste me paraît plus facilement accessible n’importe quand qu’un voyage au bout du monde. Quoi qu’il en soit, je ferais un stage complet de plusieurs jours pour vraiment apprendre ce qu’est la piste et comment on y roule dessus. Ça n’empêchera pas d’autres journées de roulage de temps en temps, il n’est pas nécessaire de suivre ces stages pour poser le genou ou frotter les sliders de bottes ni même prendre du plaisir !
Merci encore à Florian d’avoir bien voulu partager ici cette expérience. En espérant qu’elle donne des idées à de nombreuses personnes !
Vous pouvez retrouver Florian sur twitter, ou encore lire ses aventures sur son blog.